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L'épitaphe du roi

La maison devient de plus en plus petite. 
Elle rétrécit de jour en jour.
Bientôt, ce ne sera plus qu’une petite boîte, à peine visible, à peine audible, prête à sombrer dans le rien.

 

(un temps)

 

Enfin, je m’en fiche, je ne vis qu’au sous-sol, dans le bureau.
J’ai le canapé, deux verrous sur la porte, de quoi tenir dans les tiroirs, alors le temps que les autres pièces rétrécissent, j’ai de la marge.
J’ai encore de beaux jours devant moi.

 

(un temps)

 

Là où j’ai eu peur, c’était pour le chien.
Lui ne rétrécissait pas.
J’ai eu peur qu’il finisse par casser la maison et de me retrouver dehors.

 

(un temps)

 

Bon, le chien est mort depuis au moins treize mille cinq cents soixante six cigarettes.
Du coup tout va bien.

 

(un temps)

 

Parce que quand même dehors... non merci.
Dehors il y a des yeux qui vous scrutent de partout, sous toutes les coutures. 
Et d’en haut, toujours.
Je le sais, je l’ai lu sur un site encore ce matin.
Mais moi j’ai capté la combine, je me fais pas avoir !
Le roi ne peut pas être mis en échec s’il reste derrière la tour.
Ils m’auront pas, je sortirai pas !

 

(un temps)

 

Bon, la contrepartie c’est que tout rapetisse à vue d’oeil. 
Tout s’amenuise, se réduit, se radicalise.
Mais c’est un moindre mal.
Tout plutôt que l’échec au roi.

 

(un temps)

 

En plus, j’économise les frais de pompes-funèbres, je vais tout simplement disparaître !
Gratis !
Donné !
Pas un sou à ces rapaces !
Ca bien sûr, y a personne pour me dire que c’est malin, ça non !
Quand il s’agit de me taper dessus, là y a du monde !
Eh bien ils verront le coup de génie ! 
Ah !
J’aurai un cercueil sur mesure.
Ma maison, mon champ de bataille, mon tombeau.
Je suis un héros.

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